Hier, vu le nombre de casquettes, on a eu droit à la loi de Murphy :
« Tout ce qui peut mal tourner, va mal tourner ! »
Aujourd’hui, c’est différent. Selon le directeur de course, cette quatrième étape est la plus rapide de la semaine. C’est la raison pour laquelle le départ n’est donné qu’à 9h00. Un programme allégé pour les trois ES du jour.
La première est longue de 96 kms, la deuxième de 55 kms et la troisième de 86 kms. Aucune dune à l’horizon, que des pistes bien tracées, où les plus rapides devraient faire la différence. Puis, c’est un passage obligé à la Momie, cet endroit où avait été tourné le film ‘’La Momie’’.
Même si le programme n’est pas copieux, les navigos seront les plus sollicités sur cette spéciale. Ces spécialistes du désert devront rester vigilent pour ne pas se laisser prendre au piège sur cette navigation peu évidente. Le terrain sera glissant et piégeur avec de nombreux devers et de nombreux freinages en courbe. De cette navigation pointue, le sable fin devrait glisser sur les pare-brises, ou pas ?
Hier, sans citer le nom, un équipage est passé à côté d’un concurrent qui venait de faire une casquette, sans s’arrêter. Même si ce genre d’acrobatie est courant en Rallye-Raid, il est logique et indispensable d’aller voir si l’équipage va bien. C’est juste du bon sens. Cette attitude mériterait d’être sanctionnée, car elle s’avère Inadmissible et antisportif. Mais où est passé l’esprit ’’Sabine ?’’.
La solidarité qui caractérise les concurrents qui pratiquent le sport automobile Tout Terrain, doit être irréprochable. Lors des premiers Paris-Dakar, Thierry Sabine tenait beaucoup à ce que cet élan de générosité fonctionne entre les pilotes. C’est très justement ce qui a fait que la plus grande épreuve du monde perdure encore aujourd’hui, En conséquence, cet équipage mériterait une bonne leçon. Conclusion, l’entraide devrait être permanente, et sans arrière-pensée. À bon entendeur !
S1 : Comme à son habitude, sur la ligne de départ, Sébastien Guyette #102, seul contre tous, il ne lâche rien. Il sait que ses poursuivants vont ouvrir en grand pour revenir sur lui le plus vite possible, Un parcours ou les cadors devraient s’illustrer, à moins que les débutants bien inspirés viennent contre carrer les ambitions des premiers de la classe ! Si le parcours ne révèle aucune grande difficulté, la succession de changement de caps s’annonce usante pour les hommes et les machines, mais aussi des plus motivantes pour déclarer la guerre sur ce terrain propice aux meilleures lames. D’ailleurs, c’est peut-être là que va se jouer un des actes les plus importants de la Baja.
Hier soir, au bord de la piscine, Christophe Paquereau #116 nous confiait qu’il avait failli jeter l’éponge. Sans frein depuis le début de la spéciale, ce bouquetin à la carrure d’un Gladiateur et réputé pour son endurance autant que pour sa combativité voulait poser un genou à terre. Mais heureusement pour la course, il sait vite repris. C’est humain, tout le monde peut avoir son moment de doute dans cette discipline. Pour y remédier, il faut juste se poser un peu pour peser le pour et le contre. Finalement, le pour l’aura emporté.
Après une heure de course, l’équipage #105 Hantz/Hantz pointe le nez de son véhicule en première position, juste devant Christophe Paquereau. C’est alors, qu’une meute de plusieurs SSV partent à sa poursuite dans les enfilades. Le #108, 104,119, et le 111… Un seul mot d’ordre : À l’abordage ! Tous ces poursuivants ont bien l’intention de clouer cet adversaire au pilori ! L’abordage à fonctionner puisque vers midi, le trio de tête #101,106, 108 reprend les commandes du navire. À ce stade, ils ne causent plus, ils dispersent, ils ventilent ! C’est un peu la course à la médaille du travail que recherche ces trois là. Un bras de fer qui risque de se terminer en froissement de tôle !
La S1 est remporté par l’équipage Italien #106 Gaspari/Ceci avec deux minutes d’avance sur Lacam/Delfino.
S2 : Du PC course de Sébastien Delaunay, on est en train d’assister à une lutte régulière, mais sans merci entre les premiers de cordée. Au milieu d’un tourbillon de poussière ocre, les véhicules foncent comme des balles sur la S3.
Après seulement trois heures trente de pilotage, les mains des pilotes sont de plus en plus gonflées à force de serrer le volant. Les visages deviennent poussiéreux et tendus avant d’entamer la S3.
Sébastien Guette #102 signe le meilleur temps devant l’équipage Italien Gaspari/Ceci.
S3 : On ne change pas une équipe qui gagne. En effet, la bagarre fait toujours rage au sein du trio de tête du classement général #102 Gyuette, 101 Lacam/Delfino et #116 Paquereau. Cet après midi, la météo est particulièrement étouffante, puisque le thermomètre s’affolait et dépassait, les 42°.
Oubliant la poussière de l’étape, la fatigue d’une journée de pistes desséchées, chacun va vite oublier la spéciale et les problèmes du jour, en regardant la lune qui entame sa courbe descendante derrière un sable rougit par la chaleur de la journée. Si certains équipages ne sont pas tombés dans le piège d’une autre piste parallèle, d’autres, en revanche, sont partis à Tataouine ! En fait, il y avait un petit piège concocté par le directeur de course, depuis des semaines. C’est ce qu’on appellera ‘’L’opération Léontine’’.
Cette troisième spéciale est remportée par Sébastien Guyette.
Pinch Racing.
« J’avais sept véhicules au départ et jusqu’à maintenant j’en ai toujours sept, avant l’ultime étape de demain. On a tout de même essuyé pas mal de petits problèmes ces quatre derniers jours : Une casse moteur, une transmission de boite et plusieurs tonneaux. J’ai profité de cette épreuve pour faire venir mes partenaires du Dakar. Ils sont tous heureux d’être venus, malgré les petites mésaventures. À l’issue de ce quatrième jour, j’ai l’équipage #105 Hantz/Hantz qui est au pied du podium. Les connaissant bien, je pense qu’ils vont aller chercher cette troisième marche. En tout cas, la voiture est prête. Pour les autres débutants, ils ont le sentiment du travail accompli, puisque leur objectif était d’être dans le top dix. Je peux donc dire, que je suis un manager satisfait et une chose est sûre, nous reviendrons pour le troisième édition ».
Team Mercier
Pascal Mercier
« Pour l’instant je suis satisfait de mes équipages, parce que j’avais cinq véhicules au départ et qu’ils seront tous demain sur l’ultime étape. Je suis agréablement surpris de l’ambiance qui règne sur cette épreuve. Tout est parfait, le PC course, l’organisation, le corps médical, les CP… D’autant plus satisfait que certains de mes clients venaient courir dans le désert pour la première fois. Je suis aussi ici, pour faire des essais de notre tout nouveau T3. Ce véhicule demande encore quelques petits réglages avant de l’envoyer sur d’autres Rallyes-Raids. Bien entendu, il y a aussi la belle performance de Sébastien Guyette, qui pour l’instant défend becs et ongles sa première place au classement général. En même temps, ne tirons pas encore des traits sur la comète, car il y aura demain cette ultime étape ».
#122 Deboffe/Houvenaghel. Can-Am
« C’est une première pour nous deux. Nous avons l’habitude de courir sur asphalte, mais jamais dans des dunes. Quelles sensations magnifiques de venir ici découvrir cette ambiance particulière, qui est le Rallye-Raid. Pour nous, c’est une bonne formule. Même si nous avons un profond respect de la mécanique, il y a toujours des petits bobos à réparer tous les soirs. Grâce au sérieux du Manager et par la prestation des mécanos nous repartons tous les matins avec un véhicule au top. C’est tout de même rassurant pour nous qui n’avons pas encore cette fameuse expérience. Nous espérons sincèrement renouveler cette expérience avec Pascal Mercier ».
Classement général ES4
1 # 102 Guyette 13 :18 :21
2 #101 Lacam/Delfino 13 :27 :26
3 # 116 : Paquereau 14 :02 :47
4 # 105 Hantz/Hantz 14 :06 :21
5 #103 Noël de Burtin 15 :57 :12
Texte : Gilles David
Crédit photos : ActionGraphers