David Castera l’avait annoncé, la première étape de l’Andalucia Rally était un condensé de ce qui attendait les concurrents cette semaine. Chez les motos, la poussière que tous craignaient n’a finalement pas été le principal enjeu de cette journée qui s’est révélée favorable aux pilotes partis au-delà du top 10. Kevin Benavides, Joan Barreda (Monster Energy Honda Team) et Lorenzo Santolino (Sherco TVS Rally Factory) composent le tiercé de cette première étape. En auto, la prudence a été payante dans une première étape à rebondissements. Après l’annulation de la Super Spéciale, c’est la fin de la spéciale du jour qui a été amputée. Yazeed Al Rajhi (Overdrise SA) s’impose devant Carlos Sainz (Mini X-Raid JCW) et Nasser Al Attiyah (Toyota Gazoo Racing). Peterhansel (X-Raid Mini JCW) termine 9e place, mais reste en course.
Chez les motos, le clan Monster Energy Honda, discret sur la Super Spéciale de la veille, réalise la bonne opération du jour en plaçant deux de ses pilotes aux commandes du rallye. Kevin Benavides, parti quatorzième ce matin, remporte l’étape avec plus de trois minutes d’avance sur son coéquipier Joan Barreda : « C’était une bonne journée, je suis parti un peu derrière, j’étais content de cette position. J’ai souffert un peu de la poussière quand j’ai passé Santolino. Je me sentais bien jusqu’au kilomètre 170 où mon road book s’est déchiré. J’ai dû finir les cent derniers kilomètres en suivant les traces au sol, cela m’a demandé beaucoup de concentration. Encore plus les cinq derniers kilomètres après avoir vu mon frère au sol. L’important est qu’il aille bien. » Ricky Brabec et Ignacio Cornejo signent les 9e et 10e place,
Partis premier, deuxième et quatrième ce matin, Toby Price, Daniel Sanders et Matthias Walkner (Red Bull KTM Factory Racing) terminent respectivement 17e, 19e et 12e. Une journée sans pour le clan autrichien. Toby Price, avec le professionnalisme qu’on lui connait, se tourne déjà vers demain: « ce n’est jamais une bonne option de partir devant. Mais cela fait toujours du bien de naviguer seul devant et de passer du temps sur la moto. On est à l’arrivée de cette première étape et on verra bien ce que nous réserve l’étape de demain ». Sam Sunderland, parti en 20e position, accroche quand mêle la 5e place de l’étape.
A côté de la tente KTM, la GasGas Factory Racing rouge de Laia Sanz n’est pas repartie ce matin. Victime d’une chute hier dans la Super Spéciale, l’Espagnole souffrant d’un bras suturé a préféré jeter l’éponge. Autre coup du sort pour les Autrichiens, l’abandon de Luciano Benavides. Celui qui faisait ses débuts sous les couleurs Rockstar Energy Husqvarna Factory Racing a chuté à 5 km de l’arrivée. Se plaignant du thorax, l’Argentin a été évacué et les premiers examens se voulaient rassurant.
Les chances de voir briller une Husqvarna reposent désormais sur les épaules de Xavier de Soultrait du HT Rally Team. Parti en 15e position, le Français ne s’attendait pas à accrocher la 6e place du jour : « Dans les sous-bois au départ, la poussière stagnait tellement qu’après cinquante kilomètres, je me suis dit que c’était risqué de pousser plus fort. A la première pause, j’ai vu que j’étais quand même proche de Kevin (Benavides) qui roule fort sur ces pistes. J’avais l’impression d’avoir juste déroulé comme à l’entrainement en pensant me prendre une claque à l’arrivée. Mais avec une navigation très piégeuse, il vaut mieux finalement ne pas trop pousser. »
Même son de cloche chez l’officiel Sherco TVS Rally Factory Lorenzo Santolino, 3e du jour : « C’était une bonne journée, je n’ai pas trop souffert de la poussière, Barreda devant moi est resté à une bonne distance. Kevin Benavides m’a rattrapé à la fin quand j’ai commis une erreur de navigation. Je n’étais jamais à la limite, toujours un peu en dedans et finalement je suis étonné de ma place finale. »
Dans le clan Monster Energy Yamaha Rally, Andrew Short, parti en troisième position, n’a pas réussi à trouver le bon rythme. Son coéquipier Adrien Van Beveren avoue lui aussi avoir eu du mal à prendre ses marques mais termine à la 4e place : « au début j’étais un peu tendu, le feeling était moyen, mais j’ai fini par me libérer au cinquantième kilomètre. J’étais partagé entre attaquer et assurer. C’est un vrai rallye. Il faut être concentré en permanence, il y a beaucoup de notes. Demain, je vais avoir quelques traces au sol et je vais garder la même philosophie. »
Derrière lui, les quatre roues motrices ont découvert un terrain plus à leur avantage, mais pas sans risque. Nasser Al Attiyah (Toyota Gazoo Racing- 02’13) parti derrière « El Matador » en a fait les frais : « Après 45 km, on a eu un problème avec le cardan avant gauche qui a fini par casser et on a roulé 120 kilomètres juste avec la propulsion arrière. Ce n’était pas facile mais je suis content de finir l’étape, nous n’avons pas perdu trop de temps sur les leaders. »
Stéphane Peterhansel (9e à 12’16), en course sur la Mini X-Raid JCW quatre roues motrice a lui aussi connu les affres de la casse mécanique alors qu’il était dans le trio de tête : « je n’ai d’abord pas senti une crevaison qui m’a ensuite fait sortir de la piste au virage suivant. On a pris un gros impact dans un trou. La voiture était un peu bizarre, mais elle restait malgré tout maitrisable. A dix kilomètres de l’arrivée, le triangle qui avait dû souffrir à l’impact a fini par casser. La roue s’est mise en travers et on a fini la spéciale au ralenti. On a perdu pas mal de temp. Si la spéciale s’était disputée dans son intégralité, on aurait eu du mal à la terminer. On a donc eu un peu de chance. »
Chez les Toyota Overdrive SA, Erik Van Loon, (7e à 10’46) a dû faire face à trois crevaisons avec deux roues de secours. Son coéquipier Bernhard Ten Brike (4e à 06’56) s’en sort mieux et tire d’emblée les leçons pour les trois prochains jours de course : « Nous avons rattrapé Van Loon après une cinquantaine de kilomètres et nous avons perdu de précieuses minutes dans sa poussière. Nous avons crevé une fois. C’était serré avec beaucoup de freinages, des flaques d’eau, des condition que j’apprécie, mais je pense qu’il est important de bien rester dans la trace car à chaque fois que l’on en sort, il y a beaucoup de cailloux. En attaquant trop, on peut vite endommager le véhicule. Je pense que le but de le semaine est de rester sur la bonne ligne. »
Et c’est ce qu’a fait Yazeed Al Rajhi (Overdrise SA) vainqueur du jour, qui a su emmener sa Toyota sans encombre jusqu’à Villamartin : « tout s’est bien passé, on a d’abord essayé de trouver notre rythme avant de l’augmenter sans prendre trop de risque. Nous avons rattrapé Perterhansel dans la poussière et avons pu le doubler quand il a eu un problème avec sa roue avant. »
Comme lui, Cristina Gutierrez sur sa nouvelle Mini X-Raid JCW a joué la carte de la sécurité et termine à la 5e place à 06’59 : « on est très contents, il fallait être prudent et se méfier des pierres sur la piste. Nous avons roulé prudemment et nous n’avons pas eu de problème. Demain, on va continuer comme ça. » Une stratégie avouée et payante aussi pour le duo Serradori-Lucquin sur leur buggy Century SRT qui termine à la 6e place à 08’35.
Chez les SSV, l’équipe Monster Energy Can-AM a réalisé le doublé d’entrée. Aron Domzala et Gerard Farres placent leur Maverick, non sans avoir déjoué les pièges de cette première étape comme l’explique le Polonais : « Suite à l’annulation de la Super Spéciale, nous avons dû doubler au moins dix véhicules et avaler beaucoup de poussière. Mais nous n’avons rencontré aucun problème et ce soir je suis très content d’être en tête du classement SSV ». Le Portugais Rui Carneiro complète le podium.
Enfin, en T3 où quatre prototypes s’opposent, les trois Can-Am du Red Bull Off Road Junior Team préparés par South Racing trustent le podium avec Austin Jones, Mitch Guthrie et le nouveau venu Kevin Hansen.
L’étape 2 de demain : « La plus technique du rallye »