MAIS QU’EST-CE QUI FAIT COURIR LES FILLES ?
Comme le disait Johnny « Cette fille-là, elle est terrible ! ». Il ne croyait pas si bien dire. Comme tous les garçons, les nanas rêvent de participer un jour au Dakar. Le rêve absolu de toute une jeuneuse qui s’intéresse de près à la compétition automobile du Tout Terrain. Mais voilà, avant de se lancer dans la gueule du loup ! il est recommandé de se familiariser avec un environnement hostile et parfois malveillant. Rien ne doit être laissé au hasard, une préparation physique au top, des bonnes connaissances de la nav, de la mécanique et surtout, avoir un moral d’acier pour surmonter le moindre petit problème. Des raisons essentielles pour apprendre toutes les ficelles du métier sur des épreuves moins longues, comme la Baja SSV ou le Carta Rallye, entre autres… L’exemple parfait, c’est Delphine Crosse, Delphine Delfino et Aurélia Roquesalane. Depuis plusieurs années, elles participent toutes les trois à des épreuves nationales et internationales pour s’approprier la maturité nécessaire avant de s’élancer sur les plus dures épreuves du monde, du moins dans cette catégorie. Et bien voilà, ce qui fait courir les filles sur la Baja SSV, et autres compétions internationales.
Premier de la classe !
Après avoir remporté l’étape d’hier, l’équipage #107 Lacam / Delfino allait ouvrir en grand, la piste. Si cette position peut paraître un avantage pour éviter la poussière des autres concurrents, elle a aussi ses inconvénients, car la réalité est tout autre. Lorsque qu’on ouvre la piste, vous n’avez aucune trace lisible, par conséquent, l’erreur de nav n’est pas permise.
Sur ce genre de spéciale, le copilote Max Delfino a une sacrée réputation en Coupe du Monde FIA. Depuis qu’il a pris sa retraite de pilote de l’Armée Française, ou il avait pour habitude de piloter des gros porteurs, Max, c’est spécialisé en navigation terrestre sur les plus grandes épreuves internationales. On comprend mieux pour quelle raison les meilleurs pilotes se l’arrachent. Cette place de premier de la ‘’classe’’ au départ de ce matin est pour Hugues un très gros avantage.
Un bon navigo doit être capable d’arrêter son pilote en pleine spéciale s’il n’est pas sûr du cap à suivre. C’est bien connu, navigateur rime avec rigueur, qui va du carton de pointage en passant par la quantité d’essence et les pleins d’eau. Avant l’étape, il vérifie ses instruments de bord, car la violence du combat en Rallye-Raid est visible tous les jours, d’autant que le pilotage est toujours lié à la navigation, et qu’il faut avoir une maîtrise de tous les instants pour concilier ces deux axes « l’équilibre vertical et la vitesse horizontale ».
T.D.S.P.P
Si le parcours d’aujourd’hui ne révèle aucune grande difficulté, la succession de changement de caps s’annonce usante pour les hommes et les machines, mais aussi des plus motivantes pour déclarer la guerre sur ce terrain propice aux meilleures lames, au profil aiguisé !
Vouée aux plus solides, cette étape pourrait bien être le théâtre d’un changement au classement général. Le directeur de course, Séb Delaunnay a concocté des vraies spéciales de Rallye Raid, qui devrait ravir tous ceux qui sont venus chercher l’adrénaline.
Le départ à 9h00. Aujourd’hui, la ES3 se décompose en quatre parties, avec des changements de Cap permanents. Les pilotes devront rester très concentré pour éviter les pièges de ces spéciales particulièrement rapides. Direction le Nord vers Zagora avec une première partie roulante de 77 kms, avant d’arriver sur des pistes en pierres sur 6 kms, en montée et en descente. Il faudra rester concentré, car un DZ à 50 km/h a été installé pour traverser un goudron, en toute sécurité. Dans la deuxième partie, les concurrents viseront le Cap entre deux montagnes sur une piste très étroite, où les pilotes les plus rapides pourront s’en donner à cœur joie, tout en se méfiant des cailloux. La troisième, c’est tout simplement la première partie, mais à l’envers. Dans la quatrième, les rescapés ! auront tous les ingrédients d’une épreuve en Rallye Raid. Cette étape du jour, sera selon la direction de course la plus belle du Rallye. Si elle semble plus rapide que les autres, il va falloir malgré tout, rester prudent à certains endroits, surtout dans les enfilades. À bon entendeur !
La cabane est tombée sur le chien !
La première partie se déroule comme prévu, seul l’équipage #138 Knauf / Garroy casse un triangle de leur Can Am X3. En revanche, coup de théâtre en sortie de la S1 à 9 h55, le leader #107 Lacam n’avait toujours pas pris le départ à cause d’un problème mécanique.
La cabane est tombée sur le chien en plein vol ! En fait, ce type de spéciale renferme beaucoup d’imprévus avec beaucoup de risques incalculables, surtout lorsqu’on a été bridé sur les deux premiers jours de course. Un arrêt forcé du #107 qui devrait bien entendu faire le bonheur de ses poursuivants. Châssis cassé. L’équipage encaisse en prime la décevante expérience du ‘’Coitus interruptus ! ’’. C’est la loi de Murphy « Tout ce qui peut mal tourner, va mal tourner ! ».
C’est peut-être là que va se jouer un des actes les plus importants du Rallye ? Attention, personne n’est à l’abri de ce genre de mésaventure. En effet, le chat noir sort du SSV de Lacam pour s’installer dans le SSV l’équipage #100 Neveu / Neveu, qui lui doit jeter l’éponge pour aujourd’hui, rotule de direction cassée. # 103 Jean-Pascal Besson lui aussi récupère le Mistigri dans l’habitacle, le train avant droit décide de quitter l’auto et d’aller faire un petit tour dans la pampa ! Parti ce matin en quatrième position, ce soir, il dégringole à la vingt-troisième place du classement.
Rien ne va plus, faites vos jeux !
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Pinchedez se retrouve en pole position, laissant derrière lui ses opposants les plus redoutables, à plusieurs encablures. Voilà qui devrait animer les prochaines heures de la course. Le #101 Geoff / Noel de Burlin s’arrête lui aussi sur la piste à cause de son variateur cassé. Décidément, jusqu’à maintenant l’étape tient toutes ses promesses. #102 José Castan « Pour l’instant, tout va bien. Jusqu’ici, j’ai ménagé ma monture, car la course n’est pas encore terminée, il reste encore deux étapes ». # 108 Pinchedez « Aujourd’hui, c’était jouissif ! »
À mi-course, tout rentrait dans l’ordre puisque tous les concurrents en dehors de ceux qui ont abandonnés sur cette ES3, étaient présents sur la ligne de départ de la S3. Une passe d’armes pour au profit de Pinch #108, qui maintenant, tient la dragée haute à tous ses adversaires, d’autant que Jean-Pascal Besson #103 arrache son triangle dans la S3. Un Mistigri peut toujours en cacher un autre ! Décidément, aujourd’hui, c’est une hécatombe pour les cadors, mais ça fait parti des histoires d’hommes et de femmes qui vivent des moments intenses qui marquent notre existence. Si belle soit-elle, cette étape aura laissé beaucoup de traces, des dizaines de concurrents ont cassé, soit de la tôle froissée, soit de la casse mécanique. Au CP arrivé, comment vous dire ? les concurrents sont tellement sales et épuisés par la piste que la moindre goutte d’eau était une bénédiction !
Les jeux sont faits !
Les heures passées dans l’habitacle aujourd’hui commencent à peser sur les avants bras et les paupières, mais peu importe le flacon, l’essentiel, c’est de parvenir à l’ivresse ! C’est très exactement le ressenti de plusieurs équipages qui passaient la ligne d’arrivée.
Puis la nuit tombe d’un coup sur le ‘’Pacha Club’’, comme si quelqu’un avait éteint la lumière avant d’aller dormir. Alors, c’est un privilège de regarder la voûte étoilée remplie d’étoiles qui, une à une, s’allument pour éclairer nos rêves. Ce mercredi 20 octobre à Ouled Driss, les étoiles appartiennent à la caravane et les plus courageux vont pouvoir compter les cinq cent un millions, six cent vingt-deux milles d’étoiles qui brillent dans le ciel. Bonne chance !
Elle a dit…
Beaucoup de confrère la croise aux quatre coins du monde. Son nom, Anne Odru. Cette élégante jeune femme parcours des milliers de kms par ans, soir pour son travail, soit pour son plaisir. Ici, Anne copilote le #104 Richard Oguez. Dans l’habitacle, ce duo s’entend à merveille dès que la difficulté arrive. « C’est pour moi une première au Maroc et l’occasion de côtoyer de près une aventure humaine. Si sur cette épreuve je copilote Richard Oguez, c’est tout d’abord par amitié pour lui, mais aussi pour me familiariser avec la nav au Cap et avec tous nouveaux instruments de bord qui permettent d’aller toujours plus vite. En principe, mon dada ! c’est de participer depuis quinze ans à des raids historiques en 2CV, à travers le monde. C’est sûr qu’il a une grande différence entre la vitesse de pointe d’une deudeuche et un SSV de course. En même temps, je suis toujours aussi balancée ! Pour nous, l’ambition de gagner n’est pas l’essentielle, mais si l’occasion se présente, nous n’allons pas faire les difficiles. Des moments comme ça, je n’ai pas l ‘occasion d’en vivre souvent, surtout dans cet univers aseptisé que nous connaissons chez nous ».
Ils ont dit…
#141. Didier Boulanger / Franck Salvati Can Am X3 « Je fais ma première course de ma vie. Lorsque Didier est venu me voir à la maison avec son Can Am pour me montrer son achat, j’avais les yeux qui brillaient. J’étais loin de penser que quelques mois après j’allais me retrouver à côté de lui pour faire la nav. Comme quoi tout arrive dans la vie. Une fois sur le Rallye, la première spéciale va rester longtemps dans ma mémoire, et pour cause. J’ai tout de suite été impressionné devant ces immenses dunes. Tel un marin qui devait affronter une tempête, Didier tirait des bords en permanence pour trouver le bon Cap. Ça tanguait dans l’habitacle dans tous les sens. Ce qui devait arriver, arriva, le cœur n’a pas supporté les balancements successifs. Depuis, mon copain m’appelle ‘’Capitaine Haddock’’ » Didier « Moi, j’ai déjà tourné en Championnat de France d’Endurance Tout Terrain en 2017 dans le Team Rivet / Castan, sur un Buggy. En 2021, j’ai aussi roulé pour l’écurie du Team Mercier sur le Rallye Andalucia. Je commence à prendre goût du désert, j’espère revenir rapidement au Maroc avec d’autres ambitions ».
Classement Général
1 # 108 Pinchedez / Gaidella 15 :21 :56
2 # 102 Castan / Palissier 15 :48 :11
3 # 116 Paquereau 15 :54 :31
4 # 128 Bord / Cormont 16 :23 :38
5 # 125 Rollet / Denecheau 16 :40 :14
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Gilles David, S/Presse Baja SSV Morocco 2021
Crédit photos : Actiongraphers