Mercedes : le guide du débutant
La marque à l’Etoile en long et en large
Mercedes, c’est quoi ?
La marque automobile la plus puissante du monde, donc on est tout de même un peu étonné que vous posiez la question. Dans sa gamme, Mercedes a réponse à absolument tout. Y compris à des questions qui ne nous seraient jamais passées par la tête, même sous la torture.
Mercedes n’est pas tout jeune puisque ses débuts sous sa forme moderne remontent à 1924, quand Daimler et Benz ont fusionné avant d’être rejoints par Mercédès en 1926. Avec les accents, d’après le prénom de la fille d’Emil Jellinek, importateur Daimler en France avant de fonder sa propre marque.
Mais Emil Benz est entré dans l’histoire bien avant comme l’inventeur de l’une des premières au
tomobiles de l’histoire en 1885, et Gottlieb Daimler comme celui du premier moteur à essence quelques années plus tard.
Où les Mercedes sont-elles produites, et combien sortent des usines chaque année ?
Comme on pourrait s’y attendre, les Mercedes sont fabriquées en Allemagne. Mais aussi à peu près partout ailleurs. Parmi les plus gros sites de production, on trouve notamment ceux d’East London (en… Afrique du Sud), et celui de Birmingham (en… Alabama). On note au passage que les colons britanniques ne se foulaient pas trop pour baptiser les villes qu’ils faisaient sortir de terre.
Le Classe G est construit en Autriche par Magna-Steyr depuis la nuit des temps (1979), et il existe un partenariat entre Mercedes et BAIC Motor en Chine, Beijing Benz. Il y a beaucoup d’autres sites, et beaucoup d’autres partenariats, mais on a aussi encore beaucoup d’autres articles à écrire aujourd’hui.
En 2019, Mercedes a produit 2,4 millions de voitures. Si on y inclut le reste des activités (camions, bus), on parle de trois millions de véhicules par an. Quand même.
Quel genre de voitures produit Mercedes ?
Ça irait sans doute plus vite de lister les voitures que Mercedes ne produit pas, mais allons-y. Une compacte, un monospace, des tripotées de SUV (dont un électrique), des berlines, des breaks, des utilitaires de toutes les tailles (dont un éphémère pick-up qui vient de quitter le catalogue), des minibus, des cars, des camions, des véhicules de franchissement lourds parés pour l’apocalypse (la famille des Unimog)…
Il y a encore vingt-cinq ans, on trouvait dans la gamme trois berlines (Classe C, Classe E, Classe S), leurs éventuelles variantes break, coupé et cabriolet, la SL pour le grand tourisme et le Classe G pour les baroudeurs. Point barre. Depuis, ça s’est un tout petit peu compliqué. Comme ses concurrents, Mercedes n’a cessé de prospecter de nouvelles niches, du coupé quatre portes au SUV coupé en passant des versions plus ou moins sportives d’à peu près tout.
Quelle est la Mercedes la moins chère ?
C’est la Classe A, qui se vend comme des petits pains depuis qu’elle a cessé de jouer les monospaces astucieux pour devenir une compacte comme les autres, mais avec une étoile sur le capot et toute la technologie embarquée qui va avec. Comptez tout de même 28 400 € en entrée de gamme avec un 1.3 essence de 109 ch.
Néanmoins, les puristes qui ne jurent que par une bonne vieille plate-forme de propulsion à moteur longitudinal ne regarderont rien en dessous de la Classe C (40 000 €).
Et la Mercedes la plus chère ?
Dans la gamme courante, il s’agit de la Mercedes-AMG GT R Pro (223 000 €), qui devance de peu la Maybach S650.
Mais la vraie démesure est à rechercher du côté de la Mercedes-AMG One, dont les entrailles sont issues de la F1 de Lewis Hamilton (sauf que le 1.6 hybride a été revu pour plus de souplesse à bas régime, et accessoirement ne pas s’autodétruire tous les 1 000 km). Si un jour elle finit par arriver en production, cette voiture promet a) de redéfinir les limites d’une voiture de route, b) d’offrir un potentiel parfaitement inexploitable par 95 % de ses propriétaires et c) de coûter plus de 2,25 millions d’euros.
Quelle est la Mercedes la plus rapide de l’histoire ?
En termes de vitesse de pointe, c’est la W125 Rekordwagen, avec 431 km/h. En 1938, sur une autoroute allemande. On ne sait pas ce qui est le plus époustouflant : qu’une voiture des années 30 rivalise avec une Bugatti Chiron, ou que Mercedes n’ait jamais fait mieux depuis. La C111 n’a ainsi fait « que » frôler les 404 km/h en 1979, mais elle a aussi tenu 314 km/h de moyenne pendant 12 heures.
Et Mercedes envisageait d’aller encore plus vite dès 1939 avec la T80, une incroyable soucoupe roulante animée par un V12 d’avion de chasse de 44,5 l de cylindrée et 3 000 ch, qui aurait sans doute pu atteindre les 634 km/h si l’Allemagne n’avait pas eu autre chose à faire en 1939. À choisir, on aurait quand même préféré la Mercedes.
Quel a été le meilleur moment de Mercedes ?
Mercedes a excellé dans presque tous les domaines durant sa longue existence : les records de vitesse, la Formule 1, l’endurance, le rallye, le rallye-raid, ou même le rallye avec par exemple un improbable quadruplé de SLC 450 V8 au Safari Rally 1979.
Mais ces innombrables succès en compétition ne peuvent éclipser le fait que Mercedes – enfin, Benz – peut être considérée comme la première marque à avoir commercialisé une voiture automobile en 1887. Ça en jette face à des petits jeunes comme BMW (qui a lancé sa première voiture en 1929) ou Audi (1910 si l’on n’est pas trop regardant sur la généalogie).
Et le pire moment ?
Les images d’un certain dictateur à moustache défilant dans de grands cabriolets Mercedes quatre portes ne constituent sans doute pas le meilleur souvenir de la marque. Mais bon, si on touchait un centime à chaque fois qu’un potentat s’achète une voiture de luxe, il y a longtemps qu’on aurait fait pareil. Et le fait que cette clientèle de connaisseurs ait depuis toujours un faible pour la Classe S tend à justifier la réputation de confort, de luxe et de fiabilité des autos à l’Etoile.
Mercedes est aussi la raison pour laquelle le sport automobile reste interdit en Suisse à ce jour. C’est le cas depuis l’atroce accident de Pierre Levegh aux 24 Heures du Mans 1955, lors desquelles sa Mercedes 300 SLR a décollé sur une autre voiture et fauché 83 personnes dans le public. Ce drame aurait pu arriver à n’importe quel autre constructeur : ce sont les conditions de sécurité dans les courses d’après-guerre qu’il faut blâmer, pas Mercedes.
Sur un plan plus industriel, citons une période noire à la fin des années 1990 et au début des années 2000, durant laquelle la marque a poussé trop loin les économies au détriment de la qualité et de la fiabilité. Mais elle a redressé la barre en capitalisant sur son image en béton armé.
Le moment le plus surprenant ?
Vous avez de ces questions… Le retour en force en F1 en 2010 a pu en être un, l’hégémonie écrasante de l’écurie depuis 2014 aussi. Mais aujourd’hui, c’est la routine. Et certains diront que ce n’est pas Mercedes F1 mais Mercedes-AMG F1…
Il y a beaucoup de préparateurs qui pensent pouvoir faire mieux qu’un constructeur mais n’y arrivent jamais. AMG a montré en être capable systématiquement. Alors qu’a fait Mercedes quand il a vu ses paisibles berlines et coupés transformés en monstres V8 fumeurs de pneus ? Il a racheté le coupable et en a fait son département sportif, qui s’occupe aujourd’hui aussi bien de doper des compactes pour titiller des supercars que de faire courir les voitures de Stuttgart dans toutes les disciplines du sport auto.
Quel est le plus beau concept car Mercedes ?
La C111, sans aucun doute. Non seulement parce qu’elle est magnifique mais aussi parce que c’est bien plus qu’un simple concept car.
Quand ces derniers se résument souvent à de simples études de style à la fiche technique parfaitement théorique, la C111 était aussi un laboratoire roulant qui a permis à Mercedes d’éprouver des solutions aérodynamiques, mécaniques (avec des motorisations Wankel et Diesel), et de signer plusieurs records de vitesse et d’endurance à Nardò. Impressionnant.
Une dernière chose à savoir sur Mercedes ?
Le premier road-trip de l’histoire eut lieu au en Mercedes, en 1888. Enfin, en Benz. C’est Bertha Benz, l’épouse de Karl, qui s’en est chargée.
Très impliquée dans les travaux de son mari, qu’elle fait profiter de son compte en banque, de ses trouvailles techniques et de son sens du commerce, elle décide de se lancer sans le prévenir dans une équipée avec leurs deux fils de 13 et 15 ans, pour prouver au monde que le tricyle motorisé de Karl peut révolutionner le transport.
En une journée, Bertha et ses enfants relient donc Pforzheim à Mannheim, distantes d’une grosse centaine de km. Sur la route lui vient l’idée des plaquettes de frein (en cuir, pour remplacer les freins en bois qui ont fini par lâcher), ou celle d’un troisième rapport plus court pour éviter aux fistons d’avoir à pousser dans les côtes (pour ça, le cordonnier n’a rien pu faire). Faute d’avoir assez d’essence pour arriver à destination – bizarrement il n’y avait pas foule de stations service avant l’invention de la voiture –, elle s’arrête chez un pharmacien à Wiesloch pour acheter quelques litre de solvant (de l’éther de pétrole) et poursuivre sa route sans encombre.
Source: topgear