Cinq AMG Black Series qui ont précédé la GT: Quand Mercedes a les idées noires, ça fait du vilain…
Les AMG Black Series, c’est un peu comme les attaques de requins : c’est plus rare qu’on ne le pense, mais leur violence laisse des traces…
Alors que la nouvelle GT Black Series vient brouiller encore un peu plus la frontière entre transport personnel et arme de destruction massive, nous avons pensé qu’il serait utile de repartir aux sources de cette folie.
SLK55 Black Series
Tout a un commencement. Un bijou en or existe d’abord sous la forme d’un caillou dans le sol, un steak sous celle d’une vache, et un politicien est initialement quelqu’un de normal avec une conscience. AMG a fait ses débuts comme préparateur avant de devenir le département sportif officiel de Mercedes.C’est en 2006 qu’il a commencé à préparer ses propres préparations avec ceci, la SLK55 Black Series.
Étonnamment, cette première Black Series est presque discrète, en tout cas par rapport à un SLK 55 de série. Presque… Son V8 5.5 atmosphérique passe de 360 à 400 ch, tandis que le couple augmente gentiment de 10 Nm par rapport au modèle standard. Mais quand ça fait in fine 520 Nm et que ça déboule aux roues arrière d’un petit cabriolet, on y prête un peu attention, voyez-vous.
CLK 63 Black Series
La seconde de la lignée a nettement plus fait parler d’elle, et c’est peut-être la première à laquelle on pense quand on entend Black Series. Le fait qu’elle ait figuré en bonne place dans le garage personnel d’un certain Jeremy Clarkson y est sans doute pour quelque chose, mais cette auto n’avait pas besoin de ça pour marquer les esprits.
Franchement, ses ailes sculpturales auraient suffi. Cet engin a autant d’allure qu’une M3 CSL (et ce n’est pas un mince compliment).
Comme la Béhème, la CLK 63 Black doit sa réputation à son moteur phénoménal. Dans son cas, le légendaire V8 AMG 6.2 atmosphérique, fort ici de 510 ch. En contrepartie d’un changement de pneus tous les six mois, ce bloc vous mettait sur le visage le sourire du Joker de Jack Nicholson. Seul problème, ça fait mal aux zygomatiques, au bout d’un moment. Merci le collecteur d’admission en magnésium, l’échappement libéré, et l’enthousiasme des gars d’Affalterbach.
Inutile de préciser qu’il a fallu revoir ce coupé d’un bout à l’autre pour combler les fantasmes des ingénieurs AMG. Pensez voies élargies, essieux et freins surdimensionnés, boîtier de direction modifié, suspension intégralement réglable, jantes en alliage forgé, et renforts un peu partout.
Résultat, une expérience de conduite inoubliable. On développerait bien, mais le champ lexical requis n’aurait plus sa place sur un site Web familial, et on ne veut pas de problèmes.
SL 65 AMG Black Series
À la fin des années 2000, la SL en a eu marre de se faire traiter de voiture de vieux, alors elle est allée toquer à Affalterbach. Elle voulait du sport ? Elle en a eu.
La mauvaise nouvelle, c’est que le sport, ce n’est vraiment pas la tasse de thé de la SL à l’origine. Rappelons qu’il s’agit fondamentalement d’un grosse GT Mercedes découvrable hors de prix, dont la clientèle se fiche du grand frisson comme de son premier club de golf. C’était donc un défi intéressant de vendre une SL 65 Black Series avec un toit fixe, une suspension moins tolérante qu’un adjudant-chef un lendemain de cuite, et des sièges baquets monoblocs offrant le moelleux d’un parpaing.
Photo: testanello_photography
Le V12 AMG 6.0 biturbo assemblé à la main n’est pas en reste pour faire ressortir les penchants masochistes de la SL, avec ses 670 ch et 1 000 Nm. Un couple monstrueux, alors même qu’il est bridé par rapport aux 1 200 Nm dont le V12 est capable au banc. Sinon, la boîte de vitesses partait en fumée avant même les pneus. Malgré cette précaution, AMG a dû recourir à une vieille boîte auto cinq rapports plus résistante que la sept rapports de l’époque.
En dépit de performances terrifiantes, le choix était finalement assez simple au moment d’appuyer sur la pédale de droite : affoler en permanence le contrôle de traction, ou entrer immédiatement en contact avec l’objet immobile le plus proche, avec une force irrésistible. Hmm… On ne vend pas vraiment le concept, là, si ?
Photo: Mohamed Saber
C 63 Black Series
La C63 Black doit avoir été l’une des seules pace cars plus puissantes que les voitures de course qu’elles supervisaient. Et elle n’œuvrait pas en MX-5 Cup, mais en DTM…
On retrouve son capot le glorieux V8 6.2 atmo, fort de 517 ch et 620 Nm. Plus de couple qu’il n’en faut pour catapulter un coupé de luxe de 0 à 100 km/h en 4,2 s. Pour maîtriser tout ça, on pouvait compter sur des freins gigantesques. Le train arrière étant quant à lui doté d’un autobloquant et, en option, d’un système de refroidissement actif. Le fait qu’AMG ait prévu une éventuelle surchauffe du différentiel arrière en dit long sur la raison d’être de cette voiture…
Quant au résultat sur circuit, voici ce que TopGear écrivait à l’époque dans son essai de la C 63 Black : « On pourrait penser que tout tourne autour du moteur dans une voiture de 517 ch. Mais ce n’est pas le cas… La C 63 Coupé Black Series se pilote comme une voiture de supertourisme bien réglée. » On peut donc supposer qu’elle était à la hauteur de sa tâche à la tête du peloton du DTM.
SLS Black Series
Le meilleur (à ce jour…) pour la fin. Est-ce que la nouvelle GT Black, avec son V8 biturbo à vilebrequin plat, sa puissance dantesque et son dessin diabolique, parviendra à faire oublier la SLS Black ? On n’en sait encore rien faute de l’avoir conduite, mais ce ne sera pas facile.
Déjà, visuellement, le bonus charisme des portes papillon est indéniable. Ensuite, il lui faudra rivaliser avec le V8 6.2 dans sa forme ultime…
Lorsque la SLS Black Series a été lancée en 2013, certains lui reprochaient un petit côté outrancier, surtout sur la base somptueuse de la SLS. Sept ans plus tard, force est de reconnaître que l’ensemble a très bien vieilli. À côté de la nouvelle GT Black Series, de ses ouïes béantes et de son énorme aileron biplan, elle paraîtrait même presque discrète…
Allégée de 70 kg et affûtée de partout, la Black ridiculise la pataude SLS standard en comportement, tout en gagnant encore en puissance avec 631 ch (donc plus de 100 ch/l), avec une zone rouge à 8 000 tr/min s’il vous plaît, et 635 Nm, soit 40 ch de plus et 15 Nm de moins (à 5 500 tr/min au lieu de 4 750 tr/min) que sur la SLS GT. Un magnifique chant du cygne, à tous points de vue.
Source: topgear