Le guide du débutant
Peut-être la marque automobile la plus constante dans l’excellence. Ils s’y connaissent un peu en course, aussi
– Porsche, c’est quoi ?
Une entreprise assez agaçante si a) vous écrivez des essais auto sur Internet ou b) vous commentez des essais auto sur Internet. Parce que Porsche se plante rarement, et affiche une telle constance dans l’excellence que les rumeurs de voitures de presse arrivant chez les rédactions avec une liasse de billets dans la boîte à gants vont bon train depuis toujours (si seulement…).
Depuis 1948, plus précisément, année de l’homologation routière des premières 356. Celle qui trône à côté du concept Mission E ci-dessus est la première d’entre toutes, mais l’histoire de la marque remonte bien plus loin. Ferdinand, Porsche, le fondateur, a construit sa première voiture – la P1 – dès 1898, et a ouvert son bureau d’ingénierie à Stuttgart en 1931.
Porsche étant une entreprise allemande, il y a eu quelques toutes petites péripéties entre 1931 et 1948, mais on n’a pas vraiment le temps de s’y attarder.
– Combien de Porsche sortent des usines chaque année ?
En 2019, Porsche a produit 280 800 voitures, son nouveau record. Hélas, ce ne sont pas toutes des GT3 Touring ou des Cayman GT4. Amis puristes, sautez une phrase : l’an passé, 68 % des ventes de la marque étaient des SUV (on vous avait prévenus). Porsche reste un constructeur de voitures de sport dans l’âme, mais il ne peut se permettre d’ignorer les tristes réalités du marché.
– Où les Porsche sont-elles produites ?
La 718 et la 911, ainsi que la Taycan électrique sont construites à Zuffenhausen, dans le Sud-Ouest de l’Allemagne. C’est aussi le cas de tous les moteurs Porsche. La Panamera et le Macan sont assemblés à Leipzig, dans l’Est du pays, tandis que le Cayenne sort de l’usine slovaque de Bratislava, comme ses cousins les Audi Q7 et Volkswagen Touareg.
Il y a vraiment deux univers distincts chez Porsche. D’un côté, les autos qui font la réputation de la marque : des voitures de sport d’élite. Le Cayman, le Boxster et la 911 sont quasiment intouchables. Certes, l’Alpine 110 a sérieusement malmené la 718 quatre cylindres, mais au moment d’aligner 60 000 €, il est difficile de résister à la Porsche.
En face, on trouve les voitures raisonnables : Panamera, Macan, Cayenne. Ce sont elles qui font tourner la baraque, notamment les deux SUV dont le succès permet de financer les vraies passions de Porsche. Comme par exemple des 911 atmosphériques allégées qui hurlent de joie presque aussi fort que les journalistes autos lorsqu’ils apprennent leur arrivée.
N’en déplaisent aux gardiens du temps, les Panamera, Macan et Cayenne se trouvent aussi être des références sur leur segment. Pfff, à quoi ça sert si on ne peut même pas dire du mal ? Même pour la voiture électrique, ils ont mis dans le mille du premier coup avec l’impressionnante Taycan.
– Quelle est la Porsche la moins chère ?
Actuellement, on ne peut pas dépenser moins de 57170 € (hors malus) sur une Porsche neuve, en l’occurrence une 718 Cayman de base. Qui est déjà un excellent choix.
– Et la plus chère ?
Avant qu’ils soient en rupture de stock, c’était il y a peu la spectaculaire 935, à quelque 840 000 € pièce TTC. Soit plus qu’une 918 Spyder il y a quelques années, pour une voiture qui reste fondamentalement une 911 GT2 RS bodybuildée.
– Quelle est la Porsche la plus rapide de l’histoire ?
Facile, c’est aussi de très loin la voiture la plus rapide, tous constructeurs confondus, sur les 21 km de la Nordschleife. En 2018, Porsche y a battu son propre record du tour en 5’19″546 avec sa 919 Hybrid Evo.
Parce que quand les pontes de la marque ont débranché le programme d’endurance, les ingénieurs en avaient encore sous le pied. Ils ont décidé de continuer à développer la voiture, cette fois en s’affranchissant des contraintes d’homologation du WEC et des exigences d’une course de 24 heures. Non, ne touchez pas vos réglages Youtube, la vidéo ci-dessous n’est pas en accéléré.
– Quel a été le meilleur moment de Porsche ?
La 911, forcément. LA Porsche, et LA voiture de sport utilisable au quotidien. Elle va sur ses soixante ans, s’est vendue à plus d’un million d’exemplaires et a survécu à tous les coups de poignard dans le dos. Un jour, Porsche a par exemple pensé que la 928 à V8 avant remplacerait la 911 et son flat-six en porte-à-faux arrière. On sait comment ça s’est terminé.
La 911 a connu tellement de variantes que ses détracteurs l’accusent aujourd’hui de s’autoparodier. Mais même celles qui semblent les plus farfelues se révèlent aussi brillantes qu’attachantes, telle la 991 Carrera T. Il y a les monstres sacrés, comme les GT2, et les raisonnables. Une Carrera de base, en gris métal sur de petites jantes, ça n’a l’air de rien, mais c’est pour ainsi dire la voiture de sport idéale dans la vraie vie.
Attardons-nous cependant sur la 911 qui se situe à mi-chemin entre ces deux extrêmes, la fabuleuse GT3. Suffisamment pratique et confortable pour être utilisée la semaine (à condition de ne pas avoir besoin de places arrière), tout en étant incroyablement addictive sur circuit, même aux mains d’un pilote aguerri. Une des rares voitures de route de ces dernières décennies capables de rupter à 9 000 tr/min ET de transporter vos bagages pour une semaine de vacances. Le coffre peut même accueillir un photographe entier (croyez-nous sur parole). Depuis l’arrivée de la GT3 en 1999 jusqu’à nos jours, il n’y pas beaucoup de voitures qui s’approchent à ce point de la perfection.
– Et le pire moment ?
Pas facile à dire, pour deux raisons. D’abord, comme on l’a déjà dit, Porsche se fourvoie rarement. Ensuite, quand il lui arrive d’être à côté de la plaque, la marque sait admettre ses erreurs, et les corriger sans attendre.
Les Cayman et Boxster quatre cylindres, les phares en œuf au plat des 996, les boutons bizarres au lieu des palettes de boîte au volant… Rien qui n’ait pu être réglé via un rapide retour à la planche à dessin. Mais s’il faut vraiment choisir quelque chose, alors nous retiendrons le pacte de Porsche avec le Diesel, pendant près d’une décennie. Inévitable, direz-vous, quand on connaît le rôle fondamental des Cayenne et Macan dans ses marges.
Il est tout de même regrettable que ces Diesel Porsche aient été récupérés dans la banque d’organes de Volkswagen, à un moment qui… n’était sans doute pas le mieux choisi.
– Quel a été le moment le plus surprenant de Porsche ?
Et en plus, il aiment faire des surprises. La Carrera GT et la 918 Spyder sont toutes deux arrivées à leur salon respectif sans crier gare, et ont époustouflé même les vétérans du milieu à qui on ne la fait pas.
Derrière elles sur la photo, la 959, premier jalon de la sainte trinité des hypercars Porsche. Chacune d’entre alles était innovante à sa façon. La 959 fut brièvement la voiture la plus rapide du monde, et introduisit les quatre roues motrices au royaume des supercars. La Carrera GT est un Überroadster à l’ancienne, délicieusement surmotorisé sans être un pastiche rétro malgré son pommeau de boîte – manuelle – en bois.
Quant à la 918, elle reste la seule hypercar hybride de son époque à faire un usage raisonné de ses moteurs électriques. Branchez-la dans votre garage et vous pouvez cruiser quelques dizaines de kilomètres sans consommer une goutte de super. Depuis, Porsche est allé plus loin dans ce domaine…
– Quel est le meilleur concept car Porsche ?
Le plus important est certainement le Boxster de 1993. Non seulement il annonçait la voiture la plus décisive de l’histoire de Porsche, mais avec l’Audi TT un peu plus tard, il reste le cas d’école de la transposition fidèle d’un concept en série.
Mais vous connaissez peut-être déjà l’histoire, et ce n’est pas le plus beau concept car de la marque. Ce titre revient selon nous à la Gruppe B de 1983, qui donnera naissance à la 959 (sur laquelle les designers, là aussi, tiendront parfaitement les promesses du concept).
Non seulement cette voiture préfigure par conséquent toutes les technologies des supercars actuelles, mais son nom de baptême reprend celui de la réglementation la plus légendaire de l’histoire du sport automobile. À l’origine, la 959 devait en effet briller en rallye Groupe B, mais la catégorie a disparu sans lui laisser le temps de voir le jour. Cela n’a pas empêché la 959 de courir le Paris-Dakar, qu’elle a remporté en 1986, et de terminer en tête de sa catégorie la même année au Mans (rebaptisée 961 dans cette version d’endurance).
– Une dernière chose à savoir sur Porsche ?
Porsche, c’est aussi le développement d’un paquet de voitures pour d’autres marques, dont l’Audi RS2, la première Seat Ibiza et l’Opel Zafira. Si, si. De nos jours, Porsche dessine même des vaisseaux spatiaux, alors…
Mais on ne peut pas conclure sans revenir sur l’héritage de la marque en compétition, et notamment en endurance. Porsche, c’est par exemple 19 victoires au Mans (dont la première en 1970 ci-dessus). Pour ne parler que de celles au classement général…
Porsche s’est retiré du championnat du monde d’endurance en 2017 pour débarquer en Formule E, une discipline plus raccord avec l’électrification programmée de sa gamme. Il serait étonnant qu’ils n’y étoffent pas encore leur palmarès ces prochaines années.
Source: TopGear